Selon la loi actuelle, les véhicules de plus de 950 kg n’ont tout simplement pas le droit de circuler en sentier fédéré. Un règlement qui semble figé dans le passé, alors que le monde du quad, lui, a bien évolué. Dans cet article, je partage avec vous mon expérience personnelle, mais aussi une réflexion plus large sur l’évolution de notre sport, les besoins des familles, et les conséquences économiques de cette règle qui, pour beaucoup, brise l’élan d’une passion bien vivante. C’est avec beaucoup de tristesse que j’écris cet article puisque je suis aux prises avec cette loi.
L’évolution du quad : quand les lois ne suivent pas
Depuis ses débuts, le monde du quad a beaucoup évolué. Quand j’étais petite, dans le coin du Lac-Saint-Jean, les premiers sentiers fédérés venaient tout juste de naître. Mon père était impliqué dans le club local. Je me souviens encore de nos randonnées, du poêle à bois dans la petite cabane qui servait de relais. Tout était différent : les véhicules, les équipements, même les habits de neige avaient une autre allure! Aujourd’hui, on peut enfin se permettre de pratiquer ce sport en famille. Même avec trois enfants à bord. Les machines sont adaptées, sécuritaires, confortables.
Mais une chose nous bloque : la loi.
Avec les années, les règlements ont suivi — du moins, en partie.
- En 2015, la largeur maximale est passée de 60 po (1,5 m) à 64 po (1,6 m).
- En 2017, elle a été portée à 66 po (1,7 m).
Pourquoi le poids n’a-t-il pas suivi la même évolution? Les machines ont grossi, parce que les besoins ont changé. Les familles veulent pratiquer ce sport ensemble, dans des véhicules sécuritaires et adaptés. Il est temps que le ministère du Transport et de mobilité apporte des ajustements pour permettre aux usagers aux prises avec un excès de poids de circuler dans les sentiers fédérés.
« Les véhicules se sont adaptés aux besoins des familles, mais la loi, elle, reste figée dans le passé. » — Paroles d’un vendeur.
Quad en famille : un mode de vie freiné par la loi
Aujourd’hui, de plus en plus de familles choisissent des quads à quatre, cinq, ou même six places. Fermés, chauffés et spacieux, ces véhicules offrent une expérience confortable et sécuritaire, même avec de jeunes enfants à bord. Mais voilà le hic : bon nombre de ces machines pèsent plus de 950 kg, soit la limite de poids fixée pour accéder aux sentiers fédérés. Et ça, ça bloque.
Ce n’est pas une nouvelle loi. En effet, elle existe depuis un moment déjà. Mais, jusqu’à récemment, le poids du véhicule n’était pas vérifié lors de l’achat de notre droit d’accès. Résultat? Beaucoup d’utilisateurs n’en avaient même pas connaissance. Et honnêtement, quand on achète un quad flambant neuf chez un concessionnaire reconnu comme Polaris ou Can-Am, on s’attend à ce qu’il soit conforme, non?
C’est là que la frustration commence. Des véhicules provenant de fournisseurs renommés sont exclus du réseau fédéré, car ils ne respectent pas une réglementation qui n’a pas évolué au même rythme que le sport.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages d’usagers mécontents se multiplient. Familles déçues, passionnés mis de côté et acheteurs désabusés… Cette passion qui pourrait se vivre en famille se heurte à une réglementation figée dans le passé.
Impact économique de la réglementation
Pour les pragmatiques parmi vous, prenons le temps d’évaluer l’impact économique de cette loi. Moins de gens en sentier, ça veut dire moins de revenus pour les clubs. C’est aussi moins de familles dans les établissements de tourisme et de service locaux :
- Restaurants
- Relais
- Dépanneurs
- Stations-service
- Concessionnaires
- Attraits touristiques
- Etc.
Personnellement, j’adorais aller faire le plein à Lamarche, un tout petit village du Lac-Saint-Jean qui compte seulement 476 habitants. Malheureusement, à cause de la limite de poids, je ne pourrai pas m’y arrêter cette année. Il en va de même pour mon restaurant coup de cœur, l’Évasion Péribonka, à l’Ascension-de-Notre-Seigneur. Ultimement, ce sont des commerces comme ceux-ci qui vont payer le prix d’une réglementation déconnectée.
Limite de poids des quads : des règles dépassées à ajuster
J’aimerais préciser que je ne pense pas qu’il soit nécessaire de doubler la limite de poids. Mais je crois qu’une hausse raisonnable serait de mise. À mon avis, elle pourrait passer à 1 200 kg, par exemple. Je crois que c’est plutôt raisonnable comme demande, vous ne croyez pas?
Au niveau des chemins, je ne suis pas une experte en excavation, mais je ne crois pas que ça affaisse drastiquement les ornières. Contrairement à la largeur, cette modification n’exigerait aucun changement majeur dans l’infrastructure des sentiers. Dans mon secteur, la majorité des trajets sont en forêt, pas sur des terres agricoles sensibles, comme les sentiers de motoneige.
J’ai discuté avec la Fédération québécoise des clubs quads (FQCQ) et il semble que le problème provienne surtout des assurances, notamment pour certains tronçons de sentiers et les ponts. On m’a également confirmé que le ministère des Transports et de la Mobilité travaille actuellement sur une modification de la loi à ce sujet.
Cela dit, deux semaines après avoir déposé une plainte auprès du ministère, j’ai reçu une réponse différente. Celle-ci mentionnait qu’une augmentation de la limite de poids des véhicules représenterait un risque accru pour les occupants, et qu’aucun travail n’est prévu pour l’instant. Malheureusement, il n’y a aucune information supplémentaire disponible à l’heure actuelle.
Je vous encourage vivement à faire une plainte directement au ministère des Transports et de la Mobilité. C’est simple et rapide — j’ai fait la mienne en quelques minutes, par téléphone, en composant le 511. Je vous invite également à contacter votre député de district pour lui faire part de cet enjeu. Plus nous serons nombreux à agir, plus nous aurons de chances de faire bouger les choses rapidement.
Trop lourds pour les sentiers : des centaines de quadistes pénalisés
Aujourd’hui, des centaines de quadistes doivent abandonner les sentiers fédérés ou se rabattre, à contrecœur, sur les zecs et les terrains privés. Pour certains, le rêve familial laisse place à une déception bureaucratique.
On peut d’ailleurs lire plusieurs commentaires intéressants sous cette publication du 9 avril 2025 à ce sujet sur la page Facebook de la FQCQ.
Malheureusement, notre quad familial dépasse la limite de poids permise par la loi. Par conséquent, alors que nos proches rouleront sur les sentiers fédérés cet été, nous devrons nous contenter d’itinéraires alternatifs.
J’ai écrit cette chronique dans le but de partager avec vous mon opinion face à cet enjeu. Évidemment, tout le monde ne sera pas d’accord avec ma position, et c’est bien normal. Je crois tout de même qu’il est temps que les lois suivent l’évolution du terrain et, surtout, des passionnés qui le parcourent.
En terminant, je vous laisse avec une question qui me reste en tête à la suite de cette réflexion. Selon vous, combien de quadistes iront rouler en sentiers fédérés, conscients qu’ils seront en infraction?
