Le Suzuki LT500R Quadracer : la légende du Quadzilla

Dans l’univers des quads, rares sont les machines qui atteignent le statut de légende. Le LT500R, c’est le genre de bolide dont le nom seul réussi à faire vibrer les vrais passionnés qui carburent à l’adrénaline. Produit sur une période aussi courte qu’intense, soit de 1987 à 1990, ce monstre à deux temps a laissé une trace indélébile dans l’histoire. Puissant, brutal, indomptable… et en même temps bourré de défauts. Pour moi, il symbolise une époque révolue où les constructeurs osaient encore tout.

Naissance du LT500R : quand Suzuki a libéré le Quadzilla

Au milieu des années 80, Suzuki est déjà bien installé dans le monde du quad. Avec le LT250R Quadracer, la marque japonaise avait mis la main sur le premier vrai quad à hautes performances de série. 

Mais les ingénieurs de Toyokawa voulaient frapper encore plus fort. Leur objectif était ambitieux : construire un engin qui ferait peur. Un quad doté de spécifications pour la course et pensé pour ridiculiser la star montante chez Yamaha : le Banshee. Je vous encourage d’ailleurs à aller lire la chronique de mon collègue sur ce véhicule, lui aussi, historique. 

En 1987, le coup de tonnerre retentit : Suzuki dévoile le LT500R, soit la même année que Yamaha et sa brute deux-temps à deux cylindres. Sous sa carrosserie imposante, un moteur monocylindre deux-temps de 499 cm³ refroidi par liquide, avec près de 50 chevaux!

En 1987, c’était une puissance démesurée pour un quad de série. Et ce n’était pas qu’une affaire de chiffres : le caractère sauvage du bloc moteur, des vibrations qui avaient le pouvoir d’augmenter votre rythme cardiaque et la symphonie distinctive de son échappement. Bref, tout respirait l’excès!

On comprend vite pourquoi les magazines spécialisés lui ont rapidement attribué le surnom de « Quadzilla », soit une contraction de quad et Godzilla.

LT500R Quadzilla : une machine d’excès et de puissance brute

Le LT500R n’était pas seulement puissant… Je dirais plutôt qu’il était radical :

  • Vitesse de pointe : Environ 130 km/h (selon réglages et conditions), une vitesse folle pour un quad de la fin des années 80.
  • Transmission : boîte manuelle à 5 rapports, un peu exigeante, mais précise.
  • Suspensions : amortisseurs Showa performants, double bras triangulés à l’avant et bras oscillant avec tringlerie « Full Floater » à l’arrière.
  • Freinage : triple disque hydraulique, nécessaire pour calmer la bête.
  • Châssis : Très robuste, mais pas toujours à la hauteur des performances du moteur.

Même l’ergonomie était désignée comme du « hors norme » : le siège en T offrait une meilleure assise pour déporter le poids du pilote dans les virages. Il était long, large et bas. Son gabarit global du quad lui donnait une allure aussi agressive qu’intimidante.

En gros, le Quadracer 500 n’était pas conçu pour monsieur et madame Tout-le-Monde.
C’était un quad exigeant, presque violent, qui pardonnait peu les erreurs.
Mais pour les pilotes expérimentés, il offrait un sentiment d’invincibilité, comme celui de chevaucher une bête sauvage prête à tout dévorer sur son passage.

Les failles du Suzuki LT500R : la bête avait ses limites

Vous le savez, aucun quad n’est parfait… même un modèle aussi légendaire que le Quadzilla.

Fiabilité aléatoire

Le modèle 1987, avec sa culasse à 6 boulons, souffrait de fuites fréquentes au niveau du joint de culasse. Suzuki corrigera le tir dès 1988 en passant à une culasse à 7 boulons.

Poids

Avec ses 178 kg (392 lbs) à sec, le LT500R était lourd. Comparativement à certains concurrents plus agiles, il pouvait devenir difficile à manier dans les portions techniques.

Consommation

Le réservoir de 13 litres se vidait pratiquement à vue d’œil. Normal, avec un aussi gros moteur à 2-temps.

Caractère brutal

La puissance arrivait vite, très vite. Pour les pilotes sans trop d’expérience, il avait un niveau de puissance pouvant être qualifié de démesuré.

Normes environnementales

À la fin des années 80, les réglementations antipollution devenaient plus strictes. Et un 2-temps de 500 cc, c’était un peu comme bien des grand-mères : ça fumait beaucoup!

En résumé, le Quadzilla était une arme redoutable entre les mains d’un pilote expérimenté, mais une machine dangereuse entre celles d’un amateur.

Une carrière éclair pour le Quadzilla

Malgré ses qualités et son titre imposant, le LT500R ne vivra que quatre ans. De 1987 à 1990, Suzuki apporte de légers changements au modèle, principalement en ce qui concerne sa fiabilité. Mais le mal est fait ; le Quadzilla est jugé trop extrême pour séduire un large public. À cette époque, le marché du quad sportif prend une tendance vers des machines à moteur quatre-temps plus accessibles, plus polyvalentes et surtout plus conformes aux normes environnementales.

En 1990, Suzuki tire donc sa révérence. Le Quadzilla disparaît du catalogue alors que son mythe vient tout juste de naître.

L’héritage du Quadzilla : l’icône des années 80

Tout près de 40 ans plus tard, le LT500R demeure une icône. Les collectionneurs s’arrachent les exemplaires en bon état, souvent pour des sommes astronomiques. Un bon ami à moi s’est même fait offrir 25 000 $ pour son Quadzilla fraichement restauré.

Pourquoi un tel engouement?

Tout simplement parce qu’il incarne une époque où les constructeurs osaient encore créer des machines insensées. Parce qu’il symbolise la quête de performance brute, sans compromis, loin des normes parfois ridicules d’aujourd’hui. Et parce qu’au-delà de ses défauts, le Quadzilla procure des sensations que peu de quads modernes peuvent offrir : la brutalité, le frisson pur, une vibration indescriptible, la peur et l’adrénaline dans un seul coup de gaz.

Avantages du Suzuki LT500R Quadracer

  • Puissance phénoménale (pour l’époque)
  • Statut de légende absolue
  • Mécanique simple et relativement facile à modifier
  • Caractère unique : brutal, sauvage, authentique
  • Valeur de collection exceptionnelle

Défauts du Quadzilla : une bête exigeante

  • Poids élevé et maniabilité limitée en circuit technique
  • Fiabilité moyenne, surtout à sa première année de fabrication (1987)
  • Consommation élevée
  • Trop exigeant pour les pilotes débutants
  • Production courte, pièces de plus en plus rares et dispendieuses

Le Suzuki LT500R Quadzilla : une légende éternelle

Le Quadracer 500, c’est plus qu’un simple véhicule tout terrain : c’est une véritable machine à remonter le temps. Chaque coup de kickstarter, chaque bouffée de fumée d’échappement, chaque révolution du moteur est un retour direct dans les années 80. 

La performance passait avant la réglementation et l’audace des manufacturiers primait sur la raison. Il représente un moment précis de l’industrie : la fin des années 80, quand Suzuki et ses concurrents se livraient une guerre de puissance sans merci.

On ne reverra sans doute jamais un tel engin sortir de l’usine d’un manufacturier, et c’est précisément ce qui rend le LT500R aussi précieux aujourd’hui. Parce que dans un monde où tout se ressemble, le Quadzilla demeure unique.


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