Au milieu des années 80, les circuits de course vibraient au rythme des trois-roues. Contre toute attente, Suzuki fait un choix radical. La marque abandonne une formule dominante pour miser sur un châssis… à quatre roues! Ce pari audacieux donna naissance au légendaire LT250R. Ce dernier n’était pas qu’un quad, mais plutôt une véritable révolution.
Suzuki LT250R QuadRacer : naissance d’une légende
Au tournant des années 80, la marque japonaise Suzuki avait acquis une excellente notoriété grâce à sa gamme de véhicules tout-terrain robustes, disponibles en versions de 50 cm3, 125 cm3 et 185 cm3. Ces VTT, disponibles en versions à trois ou à quatre roues, séduisaient surtout les amateurs de randonnées paisibles et de balades en forêt. Rien ne laissait présager que la marque japonaise allait devenir une référence dans le segment des quads sportifs.
Et pourtant, en 1985, Suzuki frappe fort. Fondée en 1909 par Michio Suzuki, la marque surprend tout le monde. Alors que Honda, Yamaha et Kawasaki règnent avec leurs trois-roues (ATC, Tri-Z, Tecate), Suzuki ose l’inattendu : la performance sur quatre roues. De ce choix audacieux naît le QuadRacer LT250R. Un modèle qui va redéfinir la catégorie des véhicules tout-terrain de performance.
Une machine en avance sur son temps
Dès sa sortie, le LT250R établit un nouveau standard. Il est équipé d’un moteur 2-temps agressif, refroidi par liquide. Sa boîte manuelle à 5 rapports est précise. En plus d’une suspension à grand débattement, il est également doté de freins hydrauliques. Loin d’être un simple quad de loisir, c’est une véritable bête de course prête à mordre la piste dès sa sortie d’usine.
Suzuki ne s’est pas contenté d’innover : il a anticipé! Tandis que les autres marques cherchaient encore à optimiser leurs trois-roues, Suzuki a carrément sauté une génération et pose les bases du quad sportif moderne. Une vision audacieuse et prophétique, car, en 1988, les États-Unis interdisaient la vente de véhicules tout-terrain à trois roues neufs pour des raisons de sécurité.
Une évolution maîtrisée
Produit de 1985 à 1992, le LT250R a connu plusieurs évolutions majeures. Les premières versions (1985-1986) étaient munies d’un moteur en aluminium au fini brut, dérivé des motos d’enduro.
C’est en 1987 que le modèle subit sa plus grosse refonte
- Moteur peint en bleu avec soupape d’échappement SAEC
- Cadre et bras oscillant renforcés
- Suspension avant à débattement augmenté
- Suspension arrière redessinée pour plus de robustesse
- Boîte de vitesses renforcée à 6 rapports
Un vrai tournant qui permet au LT250R de mieux encaisser les exigences du pilotage agressif tout en gagnant en fiabilité.
LT250R vs LT500R : Deux icônes, une même lignée
Dès 1987, le LT250R partage l’affiche avec un monstre sacré : le LT500R, aussi surnommé « Quadzilla ». Plus massif et plus puissant, le LT500R partage tout de même le même ADN stylistique jaune et bleu que les autres modèles. Il mérite à lui seul un article dédié. Ce duo emblématique aura marqué à jamais l’histoire des quads sportifs.
L’héritage toujours présent du Suzuki LT250R QuadRacer
Même si le Honda TRX250R demeure la référence ultime en concurrence, le Suzuki LT250R QuadRacer s’est imposé comme un adversaire redoutable. Grâce à ses innovations constantes et à sa base technique solide, il a gagné le respect des pilotes, des préparateurs et des passionnés dans le monde entier.
D’ailleurs, ce n’était pas un coup d’essai : Suzuki avait déjà frappé un grand coup dès 1983 avec le tout premier véhicule tout-terrain à quatre roues de série, le LT125. Une fois de plus, la marque avait une longueur d’avance.
Fiche technique (modèle 1992)
- Poids à sec : 147 kg (324 lbs)
- Prix d’origine : 3 599 $
- Production : 1 985 à 1 992
- Cylindrée : 246 cm3
- Boîte : manuelle à 6 rapports
- Refroidissement : liquide
- Suspension : à grand débattement
- Freins : à disque hydraulique
- Dimensions : 72 po de long, 44,7 po de large
- Point fort : une configuration encore proche des quads sportifs actuels
Pour avoir été moi-même propriétaire de ce quad emblématique à sa dernière année de production (1992), j’ai été marqué par plusieurs aspects :
L’ergonomie
Son siège en forme de T et ses commandes minimalistes faisaient en sorte que l’on se sentait rapidement à l’aise et en contrôle.
Le look
Impossible de ne pas attirer le regard avec son agencement de jaune et de bleu. Sa grille avant en trois sections était un autre aspect qui le distinguait.
La performance
Une bonne préparation et l’ajout de quelques pièces de performance étaient suffisants pour en dominer plus d’un.
La facilité d’entretien
L’entretien du filtre à air ainsi que le remplacement de certaines pièces étaient faciles et rapides à effectuer.
Conclusion : pourquoi le LT250R QuadRacer demeure une référence
Avec sa conception pensée pour la performance, ses améliorations successives et son ADN de course, le LT250R QuadRacer a su s’imposer comme une référence incontournable. Sur la scène québécoise, nous n’avons qu’à évoquer le nom des frères Jean et Pierre Désormeaux pour soulever d’innombrables souvenirs de leurs succès à titre de multiples champions. Ils ont, à leur façon, contribué à inspirer toute une génération de machines et ouvert la voie aux quads sportifs modernes tels que nous les connaissons aujourd’hui.
Plus de trois décennies plus tard, le Suzuki LT250R Quadracer demeure une icône. Non seulement pour ce qu’il a représenté, mais pour ce qu’il a déclenché : l’arrivée d’une nouvelle ère où puissance, maniabilité et stabilité ont su redéfinir les règles du jeu en tout-terrain.
