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Aventure en côte-à-côte au Maine : quand la direction lâche en pleine forêt

Il y a quelques années, on avait l’habitude de partir faire une petite tournée dans le Maine pendant les vacances d’été avec un couple d’amis. Une sortie d’une journée, juste pour le plaisir. On partait toujours avec des amis, par prudence. À l’époque, on roulait en Polaris RZR 800. Cet été-là, nos amis n’étaient pas disponibles. Alors, mon conjoint et moi avons décidé d’y aller seuls.

Cap sur Jackman, Maine, en côte-à-côte, sans horaire ni réseau

Le matin, je débordais d’excitation, j’avais tellement hâte de partir! Nous avions simplement dit aux enfants que nous allions à Jackman pour la journée, sans préciser notre heure du retour. Pas d’horaire à respecter, pas de stress inutile. De toute façon, dans ce coin des États-Unis, il n’y a aucun réseau cellulaire. Impossible d’appeler ou d’envoyer un message. Une vraie coupure, parfaite pour une journée d’aventure.

Prêts pour notre aventure au Maine en VCC

© Anne Leclerc

On est enfin prêts à partir. Maxime me dit qu’on doit passer au guichet avant de partir pour aller chercher de l’argent… au cas où. Moi qui ai tellement hâte de partir, je lui dis : tu veux faire quoi avec de l’argent canadien liquide aux États-Unis? Je réussis à le convaincre de laisser tomber. À savoir (je suis gênée de vous le dire), on avait seulement 10 $CA et 10 $US dans nos poches avec nos cartes pour faire le plein d’essence une fois à destination. À ce moment-là, à mon avis, c’était bien correct comme ça. On va être dans le fond du bois.

On se rend en camion jusqu’à la zec Jaro. De là, on part en côte-à-côte, avec nos passeports pour traverser la frontière. La journée est magnifique, beau soleil, température parfaite. On roule jusqu’à Jackman, on ne rencontre personne dans les sentiers. 

© Anne Leclerc

Avant le dîner, on arrête faire le plein d’essence. On va à la petite épicerie pour s’acheter un sac de chips qu’on trouve seulement aux États-Unis. On paye avec notre fameux 10 $US. Il nous reste donc juste une poignée de monnaie. Croyez-moi, vous allez comprendre plus tard l’importance de l’argent liquide. On va ensuite manger notre lunch au bord du lac Maine, les pieds dans l’eau. La vie est belle.

Il faut savoir que Maxime a un sens de l’orientation incroyable. Pas besoin de carte ni de GPS… Il y a juste quelques pancartes DIY qui sont éparpillées ici et là… Son instinct semble avoir un GPS intégré. Franchement, j’ai entièrement confiance en lui!

Un bruit suspect sur notre Polaris

Après notre pause, on reprend la route vers la maison. Les sentiers sont toujours aussi magnifiques, complètement entourés d’arbres. Je dis à Maxime : « Il me semble que le côte-à-côte fait un drôle de bruit… » Il me répond, confiant : « C’est normal, c’est un Polaris! » Mais j’insiste… j’entends vraiment un bruit inhabituel. Je reste donc attentive. 

J’adore conduire moi aussi, alors on change éventuellement de place. Je prends donc le volant. Après quelques minutes, je dis à Max : « Je crois qu’on n’a pas tourné au bon endroit. » On se questionne un instant et on décide de retourner voir la pancarte qu’on venait de passer.

Panne mécanique en pleine forêt

En faisant demi-tour, on entend un gros bruit. J’avais raison sur le nouveau bruit! La direction venait de lâcher. Le volant ne contrôlait plus la direction. Maxime, avec son calme légendaire, sort donc ses outils pour examiner le problème.

Évidemment, il n’avait pas le bon outil pour réparer le problème. Il s’agissait de la colonne de direction qui était sortie de son trou. À ce moment, Max a commencé à bougonner, tandis que moi j’étais en mode survie. « Ce n’est pas grave, Maxime! On a de l’eau en masse, je n’ai pas mangé mes croûtes de sandwich et il nous reste des chips! Puis on peut marcher un bon bout de temps ; on est en bonne forme physique. » J’étais convaincu que ça irait bien. « En plus, le côte-à-côte peut avancer. On peut donc aller tout droit et tourner les roues à la main! »

Nous reprenons donc la route, avec moi derrière le volant et lui qui redresse les roues à chaque courbe. Par chance, nous étions dans un chemin forestier. Je vous rappelle que nous n’avions encore rencontré personne de la journée, sauf à l’endroit où nous avions mangé. On a fait un petit bout de chemin ainsi… Ça n’avance pas vite. Même quand on tournait les roues, elles se redressaient aussitôt qu’on avançait. Alors, ça nous a demandé beaucoup de patience et de persévérance.

Rencontre inattendue dans la forêt du Maine

Après un certain temps, je remarque une cabane faite en vieux bois. Il semble y avoir des traces fraiches sur le sol. Je dis alors à Max que je pense qu’il y a quelqu’un à la cabane. Peut-être qu’il a des outils avec lesquels il pourrait réparer la conduite. Je l’attends donc dans le chemin principal pendant qu’il va cogner à la porte. Un homme âgé lui crie d’entrer. À la bonne heure! Il a les outils qu’il nous faut! On apporte donc le côte-à-côte jusqu’à la cabane.

Ce monsieur, très sympathique, nous prête ce qu’il faut pour rafistoler le problème. Je pense que ce sera suffisant pour nous permettre de retourner au Québec, mais Maxime n’est pas convaincu que ça tiendra le coup. Je lui suggère donc de demander au monsieur si on peut lui acheter son outil. Il me regarde avec de gros yeux : « On n’a pas d’argent… tu te rappelles, ce matin…? » 

Oups!

Alors, on discute avec l’homme et il nous fait visiter sa cabane. Il s’agissait en fait d’une ancienne centrale hydroélectrique qui servait à alimenter Jackman. Le bâtiment, maintenant transformé en chalet, avait l’air d’un véritable musée. 

D’abord, au premier étage, il y avait des animaux empaillés de toute sorte. Il nous a ensuite guidés vers le sous-sol. Les murs de béton épais de 4 pi entouraient une pièce avec des plafonds de 15 pi de haut. Dans la pièce, on retrouve plein de grands cadres avec des lampes suspendues et des photos d’animaux sauvages. Le monsieur était un photographe d’animaux sauvages pour le National Geographic. L’été, il vient dans le Maine et passe ses hivers dans les Everglades, en Floride, à faire de la photographie animale. Quelle belle découverte!

En fin de compte, il nous a prêté ses outils et indiqué le chemin à prendre. On a promis de lui ramener ses outils deux semaines plus tard. Nous avons donc quitté et suivi ses indications. 

© Anne Leclerc

Après un certain temps, on est tombé sur un groupe de quatre personnes ; les premières de la journée. Imaginez-vous donc qu’ils étaient tous nus dans la rivière! On a tellement ri en s’imaginant leur demander de nous aider. Mais on leur a simplement envoyé la main et on a continué notre chemin. 

Nous sommes finalement arrivés sur la grande route… celle empruntée par les voitures. On a donc roulé sur l’accotement jusqu’à la frontière canadienne. Il paraît qu’il est strictement interdit de rouler sur la route. Mais c’était ça, ou on risquait de rester à nouveau coincés en forêt. On a donc fait un petit bout de sentier pour qu’ils ne nous voient pas arriver par la route.

Cette sortie dans le Maine en côte-à-côte devait être une simple excursion estivale. En fin de compte, ça s’est transformé en véritable aventure. Entre le manque d’argent comptant, la panne en pleine forêt et la rencontre inoubliable avec un vieil homme passionné de photographie animalière, nous avons découvert que l’imprévu fait partie du plaisir. Grâce à l’entraide et à une bonne dose de débrouillardise, nous sommes finalement revenus au Québec sains et saufs avec des souvenirs et anecdotes incroyables.


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